V)Des séquelles sans Steven Spielberg

   1)Les dents de la mer 3

Si David Brown et Richard Zanuck ont quitté le navire, Carl Gottlieb reste à bord. L’écrivain Richard Matheson est son équipier de luxe et une caution de prestige pour le projet. Joe Alves est promu derrière la caméra pour ce qui restera sa seule expérience du genre. Amity et Martin Brody ont disparu. Place à Sea World, à ses attractions aquatiques et à ses touristes vite menacées par un géant prédateur agacé que l’on ait osé lui dérober son petit. Le choix d’un parc d’attraction comme environnement est moins artistique qu'industriel selon Carl Gottlieb. Après les dérapages des deux premiers long-métrages, Joe Alves reconnait qu’Universal était en quête de quiétude : « Nous avons tourné dans un bassin pour être sûrs de respecter le budget et le planning ».

   2)Un long-métrage 3D

Le troisième film était imaginé initialement comme une parodie des deux précédents sous le titre Jaws 3, People 0, mais l’idée (saugrenue) fut abandonnée au profit d’un film « en 3D » (baptisée astucieusement Jaws 3-D en version originale) auquel Roy Schneider refusa de participer. Mais la 3D n’est utilisée que comme un gadget (des têtes de poissons ou des bras déchiquetés qui avancent vers la caméra) et certains plans tournent au ridicule lorsqu’ils ne bénéficient pas du relief. Au-delà de l’aspect technique, le récit, loin de l’horreur viscérale de 1975 (de gentils dauphins tentent de repousser la menace), a très mal vieilli. Parmi les différents épisodes 3 de l’été 1983 (Superman 3, Le Retour du Jedi), il fera mieux que résister (45,3 M$) en devenant la 15^e recette de l’année aux Etats-Unis.

   3)Les dents de la mer 4

La saga plonge définitivement en 1987. Après des hommages appuyés au film original (le père voit sa fille imiter ses gestes à table), le long-métrage se perd dans une chasse finale où l’on ne sait pas trop comment le requin meurt (des impulsions électriques semblent le pousser à s’empaler sur le bateau). Pire, Joseph Sargent a la bonne idée de retourner le dénouement pour permettre à Mario Van Peebles, pourtant croqué à pleines dents par le monstre, de s’en sortir. Le réalisateur (Le Cerveau d’acier – 1970) ne signera plus rien pour le cinéma. Tandis que Michael Caine ne sait toujours pas ce qu’il est venu faire dans cette galère. Bloqué aux Bahamas pendant les prises de vue à l’hiver 1987, il ne put aller recevoir son Oscar du meilleur second rôle pour Hannah et ses sœurs.